" Tartuffe d'après Tartuffe d'après Molière ", par Guillaume Bailliart du groupe Fantômas

Guillaume Bailliart propose une adaptation contemporaine de la pièce de Molière où il joue tous les rôles. Une proposition décalée, comme le titre l'indique, une aventure folle à travers laquelle l'acteur souhaite explorer la langue de Molière : sa démesure - 1962 alexandrins ! -, ses fulgurances et ce qu'il nomme la "dictature formelle du vers" qui autorise finalement les plus belles inventions de jeu. À la recherche d'une "espèce de transe, d'une orgie d'alexandrins, comme un plat à feu doux qui, petit à petit, se met à bouillonner ", Guillaume Bailliart, par son énergie débordante et son jeu époustouflant, insuffle à la pièce une nouvelle jeunesse et nous fait entendre un texte aux enjeux intemporels. La place des rôles est indiquée sur scène avec le nom de chacun, et l'acteur se déplace d'ici à là, de l'un à l'autre, et indique du doigt à qui il parle. À la fin, le perfide Tartuffe saute sur la table, en propriétaire et héritier de son hôte qu'il a ruiné. Entre temps, Bailliart, calme ou tonitruant, rigide ou souple, n'aura pas cessé, selon les rôles, de lever le doigt vers le ciel pour s'en référer à Dieu, de glisser une jambe sur l'autre en signe de féminité quand il joue Marianne, ou d'élever une voix puissante pour exprimer la colère d'Orgon. Un monstre de comédien pour un Tartuffe à la fois fulgurant et profond, intime et démesuré, qui démonte fort bien les mécanismes de l'imposture et de cet incroyable aveuglement.

Conception et jeu Guillaume Bailliart