Gando n'enseigne presque plus l'anglais dans un lycée de la capitale équatoriale: l'établissement est plus souvent fermé qu'ouvert depuis trois ans. Dans ce pays, en effet, comme dans beaucoup d'autres en Afrique, les "années blanches" succèdent aux "années blanches"...
Le temps libre, Gando le consacre alors à l'écriture poétique. Mais les années tragiques vécues dans son pays d'origine, la République du Golfe, accaparent sa mémoire en même temps que le vécu quotidien dans son pays d'accueil captive son attention...
Rigueur de la construction en "quatre temps" et "quatre mouvements" - ceux de la neuvième symphonie de Beethoven -, bon sens de l'observation du réel, narratif fluide et style bien maîtrisé, sont les qualités incontestables du roman.
Explorant la sphère de "l'individu africain", habituellement occulté, "Après les nuits, les années blanches" n'aborde pas moins les problèmes sociaux de l'heure (...):les Maréchaux-Présidents accrochés au pouvoir mais aussi et surtout le désespoir des jeunes élites clochardisées quand elles ne sont pas condamnées à s'exiler...
Evocations musicales, réminiscences littéraires et exercices de versification émaillent le texte qui se lit avec volupté.


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"... Derrière la baie vitrée de son salon, Gando le poète rêve à Espérance Coline [entr'aperçue] une fois... Pour elle, il aimerait trouver les mots justes. Mais l'inspiration ne vient pas. [Il] fume, boit, écoute de la musique, relit Aimé Césaire... En vain. (...) Sa muse disparaît. [Gando] n'a plus que la rue à épier.
C.O. KANTE signe là son troisième roman, nous [entraînant] alors dans [son] évocation d'une Afrique déglinguée (...)
Et Espérance Coline dans tout ça? Il faut, pour savoir le sort [qui lui sera finalement réservé], lire le savoureux ouvrage de l'écrivain guinéen (...)"

G.F. Jeune Afrique n° 1696 du 8 au 14 juillet 1993.