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Cultures-Haïti

Louis Malle

Louis Malle
© NEF
Réalisateur/trice, Ecrivain/ne, Producteur/trice, Scénariste
Pays principal concerné : Rubrique : Musique, Théâtre, Cinéma/tv, Littérature / édition, Danse

Metteur en scène, écrivain, producteur, documentariste
1932-1995

"Chaque film est un pan de vie, une aventure différente. Il cristallise ma curiosité du moment, un peu comme une affaire de coeur, finalement. Dans les deux cas, je ne crois qu'au coup de foudre."

Né à Thumeries en 1932 dans un milieu bourgeois, il avait toutes les chances d'entrer dans les affaires ou dans la haute administration via HEC, Sciences-Po ou Polytechnique. Mais s'il choisit l'IDHEC, c'est autant pour satisfaire une passion découverte en manipulant la caméra de son père que pour refuser un avenir dicté contre sa volonté. " Mon milieu d'origine, mon éducation religieuse me dérangeaient, me faisaient honte ".

Il ne termine pas l'IDHEC, préférant suivre le commandant Cousteau, comme cameraman en plongée, sur la Calypso. Il y restera plusieurs années, tournant au fond des mers ses premiers courts-métrages, en 1954-55. L'océanographe a tôt fait de remarquer l'efficacité d'un collaborateur qu'il associe si étroitement à la réalisation du "Monde du silence" qu'il tient à l'en créditer, avec lui, au générique. Et c'est donc avec Malle que Cousteau partagera, au festival de Cannes 1956, la Palme d'Or attribuée au film. L'année suivante, Malle achèvera son premier long-métrage personnel : "Ascenseur pour l'échafaud", prix Louis Delluc. Fin 58, "Les Amants" reçoit le Lion d'Argent au festival de Venise et déclenche un scandale pour avoir suggéré un orgasme dans la crispation d'une main sur un drap? A vingt-cinq ans, alors que la Nouvelle Vague n'a pas déferlé, Louis Malle, après trois films et autant de succès, n'appartient à aucun courant. Il est adulé, certes, mais critiqué aussi : " Un fils de famille qui fait du cinéma avec l'argent de ses parents ". Reproche sans fondement, ses premiers films ayant été financés par des producteurs conventionnels !

Mais le cinéaste passe..., poursuivant, de son milieu d'origine, la dénonciation reprise dans "Les Amants" depuis le départ de Jeanne la bourgeoise (Jeanne Moreau), au matin de sa première nuit d'amour, vers l'aventure de sa liberté, loin du confort et de la respectabilité. C'est une enfant, dans "Zazie dans le métro" (1960), superbement adapté de l'?uvre de Raymond Queneau, qui jette un regard impitoyable sur le monde des adultes. Parfois cette condamnation d'un univers moribond jette un trouble profond chez celui qui la prononce : ainsi "Le Voleur", avec Jean-Paul Belmondo (1967), qui pille systématiquement les richesses de la bourgeoisie à seule fin de la détruire, mais avoue avoir besoin de celle-ci pour exister ; ainsi "Le Feu follet", avec Maurice Ronet (1963), dandy alcoolique que son exclusion volontaire de la société réduit au désespoir et accule au suicide. Mais cette remise en question est un préalable pour quiconque souhaite se ressourcer aux valeurs essentielles que l'utopie de mai 68 a pu, un temps, véhiculer.

Avant mai 68, Louis Malle est en Inde. Après les événements, vécus à Paris, il se met au montage de "Calcutta" (1969) : " Comment juger, pourquoi juger ? ", s'interroge-t-il alors qu'il a vu là-bas " un profond accord avec la nature, avec le monde, qui ressemblait à un secret perdu " ; et n'est-ce pas ce " profond accord " dont "Le Souffle au c?ur" (1971) se fait l'immédiat écho en dédramatisant, au risque d'un nouveau scandale, un inceste mère-fils.

Comment juger, s'interroge-t-il encore face au jeune paysan dont un concours de circonstances a fait un milicien et un tueur : coupable ou victime, "Lacombe Lucien" (1974), sans repères culturels, idéologiques ou moraux, à la merci du hasard et de ceux qui font aller l'Histoire dans un sens ou dans l'autre ? Malle se garde de trancher, préférant cet avertissement en exergue de son film : " Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre ". En réponse, les manichéens de tous bords lui ont reproché de nourrir quelque complaisance vis-à-vis de son assassin.

Nouvelle injustice, s'agissant d'un homme si fidèle au souvenir de " ce matin de janvier 1944 où j'ai vu le garçon juif qui était dans ma classe se lever à l'entrée des gestapistes et nous serrer la main l'un après l'autre, en nous regardant dans les yeux " (Louis Malle, Ed. Athanor, 1979) qu'il en retrouvera, quarante-trois ans plus tard, la froide lumière et le silence oppressant dans "Au revoir les enfants" (1987).

En réalité, allant filmer les ouvriers sur leur chaîne dans "Humain, trop humain" (1974) ou interroger des passants : "Place de la République" (1974), Malle n'avait arraché à l'utopie qu'un secret : " Méfie-toi des idéologies et des systèmes qui donnent la même réponse à toutes les questions " ; "Milou en mai" (1990) dit tout de cette méfiance mais garde sa confiance en l'homme, ce Milou/Malle/Michel Piccoli, qui se retrouve seul lorsque la " Révolution " est partie mais qui persiste à croire au bonheur. Ses deux derniers films seront "Fatale" (1992) et "Vanya 42nd Street" (1994). Au moment de tomber malade, il préparait une adaptation au cinéma d'un épisode de la vie de Marlene Dietrich.
Il est décédé le jeudi 23 novembre 1995 à l'âge de 63 ans à son domicile californien de Los Angeles.

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