La programmation
Le Festival passe de six à sept jours, la journée du 8 novembre (et la matinée du 9) étant entièrement réservée à la Journée lycéenne.
Il présente plus de trente films (22 pour les séances publiques au César) au cours des vingt séances publiques du César, dix projections vidéo au Vélo-Théâtre et vingt-deux séances scolaires.
Compte tenu de l'intérêt manifeste du public scolaire, de l'engagement sur ce projet des enseignants et de l'administration de la Cité scolaire d'Apt, et du soutien spécifique de laRégion PACA, le Festival a choisi de privilégier plus encore le public jeune, sans sacrifier ni la qualité et l'ambition de la programmation, au contraire pourrait-on même dire, ni l'importance de la proposition faite à l'ensemble des publics.
La programmation nous semble en effet très forte et devoir passionner aussi bien les purs amateurs de cinéma que ceux qui s'intéressent d'abord au continent africain et veulent en découvrir des parts de vérité, à travers le regard des cinéastes africains. Elle est marquée par un double mouvement, reconnaissance et hommage aux plus grands réalisateurs africains, qui ont marqué, et marquent, l'histoire du cinéma africain et mondial, découverte des plus jeunes cinéastes, qui, utilisant le plus souvent la caméra vidéo numérique, explorent de nouvelles écritures et de nouveaux sujets.
Un hommage à Sembène Ousmane, qui nous a quittés le 9 juin dernier, clôturera une journée entièrement consacrée aux cinéastes sénégalais, avec la projection de son premier long métrage, La noire de…,en présence de l'actrice principale du film, Thérèse Mbissine Diop, comme de l'actrice de son dernier film Naky Sy Savané et des cinéastes présents à Apt.
Souleymane Cissé n'a réalisé que cinq longs métrages depuis son premier en 1975 ; tous sont des chefs d'oeuvre de poésie, de beauté, d'intensité dramatique. Le Festival présentera Baara, son second film, sur le développement de la conscience de l'inacceptable injustice sociale, Yeleen, le plus célèbre et emblématique, le plus universel peut-être aussi dans sa quête des origines, de ce qui fait l'homme, Waati, son dernier film, une traversée pleine de passion de l'Afrique contemporaine, de ses splendeurs et de ses luttes. Sa présence à Apt est un vrai événement.
Making of de Nouri Bouzid, présenté en ouverture et en avant-première, est un film haletant en même temps qu'une double réflexion sur l'origine des déviances islamistes, de l'intégrisme au terrorisme, et sur la responsabilité du cinéma. Une oeuvre majeure, comme tous les films de Bouzid, l'occasion de lui demander de présenter aussi son premier film, L'homme de cendres, qui a initié une véritable révolution du cinéma tunisien et maghrébin.
Le troisième grand cinéaste, dont le Festival propose une rétrospective partielle, est l'initiateur, et le maître, de la tradition africaine du documentaire, Samba Félix Ndiaye, qui vient présenter plusieurs de ses films, les plus récents, et actuels, Questions à la terre natale, Rwanda pour mémoire, comme ceux qui ont fait sa célébrité, Les malles - épisode des Trésors des poubelles - et Ngor (présenté à la Journée lycéenne). Samba nous fait l'honneur de présider le jury lycéen.
Plusieurs longs métrages, inédits, sont issus de la sélection et du palmarès du FESPACO, le grand festival biennal du cinéma africain, qui s'est tenu à Ouagadougou en mars 2007.
Outre leurs qualités propres, ils ont l'intérêt d'illustrer des volets différents, aussi bien par leur sujet que par leur écriture, de la création cinématographique africaine.
Il va pleuvoir sur Conakry, le premier long métrage de Cheick Fantamady Camara (dont le Festival avait présenté en 2005 le court métrage Be Kunko) aborde avec un humour et une tendresse, formidablement communicatifs, toute une série de questions qui se posent aux jeunesses africaines d'aujourd'hui.
Autre comédie, Juju Factory de Balufu Bakupa Kanyinda est un portrait (auto-portrait ?) plein d'intelligence et d'ironie - et de drôlerie- de la communauté congolaise à Bruxelles, et des affres du créateur face aux exigences commerciales de son éditeur.
VHS Kahloucha de Nejib Belkadhi a l'allure et le goût d'une comédie ; c'est un documentaire sur un étonnant maçon de Sousse (Tunisie) à la fois scénariste, réalisateur, acteur, producteur et distributeur de westerns, polars et autres films de genre.
Le thème de l'émigration est présent dans beaucoup de films, comme désir ou fantasme, ou comme réalité vécue, difficile et bien loin du rêve. Il est le sujet d'une soirée "algérienne" qui présente deux films remarquables de jeunes réalisatrices algériennes, l'un documentaire, Lamine la fuite de Samia Chala, vu d'Alger, l'autre, une fiction, La pelote de laine de Fatma Zohra Zamoum, vue de la banlieue parisienne.
Deux séances sont consacrées au court-métrage, qui est l'école et le révélateur des nouveaux talents. Un programme est dédié au Jeune cinéma sénégalais et rassemble quatre cinéastes, qui ont tout juste la trentaine, Angèle Diabang Brener, Dyana Gaye, Fabacary Coly, Ismaël Thiam, deux femmes et deux hommes, tous formés à un moment ou un autre par Samba Félix Ndiaye.
Un autre programme rassemble des films très différents, par leur cadre, leur sujet, leur forme. Y figurent aussi bien des oeuvres de Idrissa Ouedraogo (très brève), de Samba Félix Ndiaye (son chef d'oeuvre court), qu'un premier et merveilleux film d'Ethiopie, et deux courts, plus expérimentaux, très forts de deux cinéastes invités en juin dernier à l'atelier de Joucas par la Fondation Blachère, Maria Karim et Sammy Baloji.
Les deux dernières soirées (de 21h), pour une fois, ne seront pas d'origine francophone, mais sud-africaine et nigériane. Ce sont deux films ayant triomphé dans deux très grands festivals internationaux, Berlin et Ouagadougou.
U-Carmen eKhayelitsha a été la révélation - et le Grand Prix- du Festival de Berlin 2006.
Mark Dornford May et sa troupe extraordinaire de comédiens-chanteurs osent et réussissent une transposition sud-africaine contemporaine, en langue zouloue, de l'opéra de Bizet.
Ezra de Newton Aduaka a obtenu le Grand Prix du FESPACO 2007. Il traite avec une maîtrise impressionnante, parfois spectaculaire, la participation des enfants à la guerre civile au Sierra Léone, et conserve à l'égard de ces adolescents, victimes et criminels à la fois, une attention et une humanité aussi formidables.
Les projections au Vélo Théâtre
Depuis sa deuxième édition, le Festival et son public sont accueillis généreusement dans les espaces si conviviaux du Vélo-Théâtre. Le Vélo exprimait aussi son intérêt pour le projet en proposant une exposition à la fois en rapport et en décalage avec le sujet - cinéma et l'Afrique- du Festival.
Cette année le Festival et le Vélo Théâtre ont souhaité développer leur partenariat en développant encore cette fonction d'accueil et surtout en proposant également des rendezvous directement liés au cinéma : projection vidéo de films courts choisis par l'équipe du Vélo en concertation étroite avec celle du festival. Des films d'animation : Bon voyage Sim et Samba le grand de Mustapha Alassane, Crapaud chez ses beaux parents et Muana Mboka de Jean Michel Kibushi ; des documentaires : Ra la réparatrice de Mamadou Cissé, La volonté de Rolande Ouedraogo et Oumy et moi d'Adams Sie.
Les horaires (13H et 20H pour les projections) de ces séances, qui dureront environ 45 minutes, ont été déterminés de manière à ne pas créer de chevauchement avec les projections du Festival au cinéma César, et donc à offrir une proposition filmique complémentaire de celles du César.
L'équipe du Vélo inscrit ces projections (aux heures de repas) dans une formule dite "cinétartine" qui combine la projection, une tartine et une boisson.
Plus largement le lieu Vélo reste un centre d'accueil du public pendant chaque journée du Festival (de 10H30 à 22H30), avec sa proposition de restauration légère le soir entre 19H30 et 21H, et le déroulement des rencontres du matin avec les cinéastes.
Les débats et les rencontres
Le Festival invite systématiquement les réalisateurs de tous les films qu'il présente. Pour des raisons de calendrier, tous ne peuvent évidemment pas répondre à cette invitation, mais la plupart des films sont effectivement accompagnés de leurs réalisateurs et (ou) de leurs interprètes. Cette présence donne un poids et une richesse supplémentaires aux projections et permet au public d'approfondir sa rencontre avec les films.
Les projections sont toujours suivies d'un débat sur le film qui est un moment de relations privilégiées avec les réalisateurs et les comédiens présents. La pertinence des questionnements et des réflexions d' Olivier Barlet, directeur de la revue Africultures et de Michel Amarger, journaliste et critique à RFI, qui animent ces débats, contribue à leur donner l'acuité et la qualité qu'ils appellent.
Le festival propose aussi chaque jour à 11h, au Vélo Théâtre une Rencontre avec les réalisateurs dont les films ont été présentés la veille. Animées par Michel Amarger, ces rencontre permettent, par l'intimité du cadre, la liberté de la parole, d'aller encore plus loin dans le dialogue avec les cinéastes et sont un moment essentiel du Festival.
Exceptionnellement le dimanche 11 novembre, la rencontre aura lieu à 10H30 et prendra la forme d'un débat animé par Olivier Barlet réunissant tous les cinéastes présents sur le thème, central ou sous-jacent dans à peu près tous les films, de "la présence du politique dans le cinéma".
Les cinéastes et comédiens présents pendant le Festival :
(informations au 12 octobre 2007)
Nouri Bouzid, réalisateur (Making of, L'homme de cendres)
Samba Félix Ndiaye, réalisateur (Questions à la terre natale, Rwanda pour mémoire, Ngor,
Trésors des poubelles)
Alexandre Ogou, acteur (Il va pleuvoir sur Conakry)
Cheick Fantamady Camara, réalisateur (Il va pleuvoir sur Conakry)
Souleymane Cissé, réalisateur (Baara, Yeleen, Waati)
Angèle Diabang Brener, réalisatrice (Sénégalaises et Islam)
Fabacary Assimby Coly, réalisateur (Détectives Diougs &Taph)
Thérèse Mbissine Diop, actrice (La noire de - Hommage à Sembène)
Naky Sy Savane, actrice (Hommage à Sembène)
Fatma Zohra Zamoum, réalisatrice (La pelote de laine)
Samia Chala, réalisatrice (Lamine la fuite)
Maria Karim, réalisatrice (Wafa Lisa)
Mariame Ndiaye, actrice (Ezra)
Avec la participation de Henri François Imbert (cinéaste, auteur d'un livre sur Samba Félix Ndiaye), Michel Amarger, Olivier Barlet.