Le Tango du Cheval pour une danse où l'intègre et la fourberie se côtoient. J'ai envie dans ce travail d'emprunter au cheval sa gestuelle afin d'explorer et, comme l'adage le dit, se retourner la veste. Le cheval reste pour moi cet animal libre, sensible, juste, intègre et entier qui ne fait rien pour plaire. Il a bercé mon imaginaire dans la culture burkinabè où on le retrouve dans l'histoire qui a fondé la dynastie des Moose, une ethnie du Burkina Faso, précisément les Ouédraogos qui veut dire Cheval mâle.

Le Tango du Cheval est cette métaphore pour parler des hommes à travers les chevaux. En 2004, je réalise ce film où je danse avec un cheval. Cela m'a permis d'être au plus près de mon sujet et pendant tout ce temps j'ai continué à l'explorer. Fort de cette expérience, j'ai voulu inviter sept (7) danseurs et trois (3) musiciens autour de la thématique du cheval pour que leurs corps deviennnent le sujet et le propos afin de questionner ce plusieurs en nous mais précisément sur deux entités, ce tango qui nous habite : l'intègre et le banal.

Qu'est-ce qui nous pousse à renier des valeurs pour être acceptés dans le cercle des bienséants ? Ou peut-on décider de se faire bannir du cercle et continuer à regarder dans la glace sans faille ?
Quand l'être perd son cheval intérieur, il devient un canasson docile, un être sans cri, abandonnant toute conviction pour se terrer dans la peur. Un petit collabo traînant sa cravate au coup, son boulet de honte.

Cette œuvre chorégraphique nous montre des chevaux qui assument leur vie et leur être, mais au fil de ce combat, certains chevaux abandonnent pour sauver leur peau, pire jouant dans la délation pour plaire et se mettre à l'abri.

Les musiciens au fil de l'œuvre se désaccordent. Si nos vies se désaccordent, a-t-on une vie ?

Seydou Boro