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Cultures-Haïti

Fatoba, l'Archipel mutant

KANTE Ch. Ournar
  • Fatoba, l'Archipel mutant
Genre : Roman

ISBN du livre : 2-7384-1225-4
Pages : 151
Rubrique : Littérature / édition

L'Archipel de Fatoba est devenu une île puis une presqu'île après maints bouleversements géologiques, historiques, politiques et architecturaux!...
NDouré, le dernier en date de ses gouvernants - reconverti en dresseur de lions -, convie un jour tous les souverains et chefs d'Etat du monde à une grande exhibition dénommée la Grande Dernière. Pour des raisons mystérieuses, la cérémonie tourne à la tragédie...
Le réel et le fantastique voire l'invraisemblable servis par un humour caustique s'imbriquent au détour de chaque ligne pour donner au récit, écrit d'une plume alerte, des allures d'épopée africaine des temps modernes...


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"... Dans [ce roman], la part belle est faite à l'imaginaire, à l'invraisemblable même [et] au fantastique. Sans cesse, on passe de situations qui pourraient être véridiques à des situations complètement délirantes et inversement.
Trois substantifs pourraient résumer l'atmosphère de "Fatoba, l'Archipel mutant": cruauté, crudité, ironie.
L'appréhension et, (...) la solution des problèmes africains, vrais, passent (...) par leur mise à plat de façon crue et même cruelle parfois..."

Extrait d'un entretien avec E LE SONGO (quotidien centrafricain) n° 1151 du 13 mai 1992.

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Note de lecture rétrospective

Et si Bernard Madoff, gestionnaire de fonds, ancien Président du Nasdaq, n’était qu’une réincarnation d’un personnage de « Fatoba, l’Archipel mutant » - L’Harmattan, Paris 1992 (Page 80-85) ?

Extrait :

"Moi, Sadjua Guellal (…) je me suis creusé la cervelle, figurez-vous, dans l’espoir de trouver les moyens de devenir riche puisque, comme le dit la sagesse populaire : « l’argent appelle l’argent » et « on ne prête qu’aux riches ». (…)
Comment avoir de l’argent pour attirer encore plus d’argent ? Comment devenir riche pour pouvoir emprunter ?
En creusant mes obsessions pécuniaires, j’avoue au départ n’avoir écarté aucune hypothèse. Cambrioler (…) Braquer (…) Enlever (…) Mais voler avec violence me répugne (...)
À « Wall Street », ainsi qu’a été rebaptisée, [à Fatoba], la rue de la spéculation sur l’argent, j’ai rencontré de façon très fortuite un ancien camarade de classe, Américain, c’est son surnom dans le milieu ! (…) De son état, [il est]… changeur de devises !
- Tu sais, Guellal, m’a-t-il proposé un jour (…) je peux t’initier, si tu veux, à la vente et à l’achat des devises (…) Tiens, prends ces trois cents dollars américains pour commencer (…)
La fréquentation de « Wall Street » [m’ayant] ouvert beaucoup de relations parmi les commerçants petits et moyens et parmi les hommes et les femmes d’affaires (…) [je] comprends [vite] que je n’aurai aucun mal à emprunter de l’argent si grande soit la somme. Alors, à la plupart de mes amis en affaires, [je joue] le tour suivant :
- (…) Prêtez-moi cinquante mille CFI, j’ai une affaire à régler de toute urgence. Je vous rendrai votre argent la semaine prochaine. Avec 10% d’intérêt (…)
Je respecte scrupuleusement [l’échéance] (…)
Quelques jours plus tard, je reviens à la charge :
- Cette fois, c’est cent mille CFI qu’il me faut (…)
Quand je reviens pour la troisième fois, je demande cent cinquante ou deux cent mille CFI et je disparais momentanément. La moitié de la somme, je la prête avec parfois jusqu’à 25% d’intérêt à des commerçants détaillants de cigarettes et d’alcool (…) L’autre moitié, je la dépense (…) et dépanne autour de moi policiers, gendarmes, douaniers, amazones de la sécurité… en prévision des petits coups qui tourneraient mal. Ainsi me suis-je fabriqué la réputation d’être l’homme d’affaires [le plus honnête] et le plus humain (…)
Quand je réapparais, pour payer ma dette, j’ajoute toujours 5 ou 10% (…)
Disposant [ainsi] d’une possibilité illimitée d’emprunter, je peux en retour prêter (…) à qui le veut avec une préférence marquée, naturellement, pour mes créanciers potentiels, momentanément à court de liquidités (…)"

« Moralité » de l’histoire : le montage de Bernard Madoff, dans l’économie « réelle » ou de tout autre Sadjua Guellal, dans la fiction, peut tenir. Tant que des pourcentages considérables de leurs partenaires en affaires n’ont pas besoin de leurs avoirs, au même moment, du fait d’une crise gravissime !
Qui a osé dire que la littérature n’est pas dans l’action ? Dans l’actualité même, on la trouve. À condition de la chercher.

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