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"Je suis née à Douala, au Cameroun francophone, là où mes parents avaient immigré pour raisons professionnelles au début des années cinquante.
Dans cette grande agglomération, j'ai grandi au quartier "nkololoun", une sorte de Cameroun miniature. La maison familiale était située à un carrefour, rendez-vous festifs de tous les peuples qui vivaient dans cette zone. C'est ainsi que j'ai baigné très tôt dans la diversité.
Par ailleurs, je passais mes grandes vacances scolaires en pays Etôn, dans les villages respectifs de mes parents. C'est là que m'a été transmise la culture traditionnelle.
Je m'initiais au répertoire musical traditionnel de mon pays et dans le même temps, j'assimilais des éléments du répertoire populaire Français. D'autre part, j'étais fascinée par la magie de la culture indienne : par son cinéma, ses danses, ses musiques et ses histoires fantastiques.
Cet univers a façonné durablement ma perception et mes gouts esthétiques. Des gouts qui m'ont poussé, par-delà mes études, à entrer dès 1976, dans la célèbre troupe de théâtre-ballet :"Les Génies Noirs de Douala".
C'est avec cette troupe qu'en 1981, je quitte le Cameroun, pour participer à un festival des danses traditionnelles à Turin, début d'une tournée européenne. Et c'est à l'issue de celle-ci que je décide de m'installer en France, d'entamer une carrière de comédienne tout en passant le concours d'entrée au Conservatoire national d'art dramatique de Lyon où j'y obtiendrai quelques années plus tard un Premier prix de diction.
Après la pièce de théatre "Trop c'est trop " de Protais Asseng que je joue et mets en scène au festival d'Avignon en juillet 1986, je conçois, crée et interprète avec des musiciens en Novembre 1987 au Théatre du Centre à Lyon"ma mémoire se souvient " un spectacle de chansons poésies d'Afrique qui obtient le Premier prix Paul Becker de la Sacem pour la meilleure réalisation musicale au Festival des Cafés Théatres de la Francophonieà Evry en Mai 1988, joué au festival d'Avignon en juillet Aout 1988.
Entre autres expériences théatrales marquantes, je citerai ma rencontre en 1991 avec Werewere Liking dans son extraordinaire lieu de création le Village Ki-Yi d'Abidjan en Cote d'Ivoire. Elle va écrire pour moi et mettre en scène "La veuve dilemme", une pièce qui sera créée et jouée en avril 1992, aux Centres Culturels Français d'Abidjan et de Bouaké. Aux CCF de Douala, deYaoundé au Cameroun, au festival d'avignon en juillet 1992, à l' Espace London à Paris en Novembre 1993.
Ray LEMA est devenu en 1996 mon Directeur artistique à l'occasion de ma pièce musicale "Zen Oyem " (les chemins de Lumière). Elle a été créée en sept 1996 au Burkina Faso dans une mise en espace de Dani Kouyaté. Elle a ensuite tourné aux CCF de Ouagadougou, de Bobodioulasso, puis au Bénin dans le cadre du Fithebe 1997, puis au Cameroun dans les Centres Culturels et Alliances Françaises en Mai 1997. Elle fait l'objet d'un projet d'album, toujours en cours de réalisation.
En plus de mes expériences de comédienne (Théâtre, cinéma, télévision, voix), j'ai effectué un stage de découverte de musique Carnatique en Inde du sud (Kérala) en 2002.
Par la suite des séjours et des rencontres artistiques ont donné lieu, là-bas, à des représentations publiques.
Lauréate 2006 Villa Médicis Hors les Murs, j'ai effectué en Inde une résidence de juillet à octobre 2006 où j'ai amorcé un travail d'échanges, de recherche et de composition qui doit aboutir à Kolkata (Calcuta) en automne 2007 à la création d'un spectacle de chansons en langues : Sanskrit,Hindi, Malayalam, Français, Béti... où s'entremêleront les trois influences qui constituent mon univers. Je serai accompagnée par des musiciens Indiens et des musiciens Africains dont BA BANGA. Ce spectacle est destiné à tourner en Inde dans les Alliances Françaises, en Afrique, en Europe etc... Il fera l'objet d'un album et d'un DVD.
L'Afrique est ma terre, la France où je vis, le Français mon autre langue, et l'Inde fait partie de ma géographie personnelle.
A travers mon cheminement, j'ai découvert qu'au-delà des dissemblances apparentes des cultures, se dessinaient de façon plus secrètes des similitudes et que le fil d'or de l'humanisme se retrouvait sous toutes les latitudes?
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