A l'orée d'un chemin de fer, à proximité de la ville tentaculaire de Casablanca, sur un monticule surplombant l'Atlantique, vivent deux petites filles de dix ans.
Elles sont voisines d'un baraquement en zinc.
Elles ont pour seul horizon, un troupeau de chèvres et le sifflement incessant du train qui passe sans jamais s'arrêter pour les emmener vers leur ailleurs imaginaire.
Elles suivent assidument les grands classiques Egyptiens sur une vieille télévision en noir et blanc, apprenant par cœur les répliques, se pourfendant d'éclats de rires et se prennent à rêver qu'un jour elles seront sous les feux de la rampe et deviendront de grandes actrices pour voyager à travers le monde.
Elles ont un rituel, au crépuscule, quand le soleil n'est plus qu'une circonvolution terne sur la surface plane de l'eau, elles font une ronde comme un pacte scellé.
Ce jour là, un garçon de leur âge, tente par tous les moyens de s'attirer les faveurs de l'une sous les regards courroucés de l'autre.
Les premiers balbutiements de la rivalité s'éveillent dès lors qu'il lui promet, ingénu et crédule, qu'il épousera l'une d'elle quand il sera grand.
Ne daignant pas lui accorder le moindre intérêt, le jeune garçon fait une ultime tentative pour l'amadouer et se blesse à l'œil en tirant des perdrix pour lui offrir.
S'ensuit un conflit dans le Douar, où la mère du garçon, vocifère et hurle aux petites filles qu'une souillon ne se transforme jamais en princesse.
Vingt ans s'écoulent.
L'une est devenue une star, dont le nom circule de Casablanca à Dubaï en passant par le Caire.
Elle a troqué ses haillons contre une nouvelle peau, celle d'une jeune femme à l'ambition démesurée, ostentatoire, et méprisant tout ce qui de près ou de loin est une obscure réminiscence de son passé de pauvre.
L'autre est devenue son assistante, discrète et douce, elle traine sa silhouette gracieuse dans l'ombre de celle qui traverse la vie sans scrupule aucun.
Son manager met à sa disposition un nouveau chauffeur et accessoirement garde du corps suite à une agression, afin de la protéger.
Il s'avérera que cet homme aux lunettes sombres, est le petit garçon, devenu infirme de l'œil droit, et qui fomente supposément une vengeance et qui écarte de son chemin tous ceux qui pourrait lui nuire, tel que ADIl, un jeune entrepreneur velléitaire et sans scrupule.
Les deux jeunes femmes seront alors en proie à des événements qui mettront en branle leurs certitudes et chambouleront à jamais le cours fragile de leur existence.
Cette fable sociale se construit comme un jeu de piste, où l'enjeu n'est pas tant de mettre à jour une intrigue mais plutôt de révéler les failles des protagonistes, ainsi que les rapports de classe et de pouvoir qui ne sont en définitive qu'un illusoire miroir aux alouettes.
NARJISS NEJJAR.
Téléfilm, 2009, Maroc.
Réalisatrice : Narjiss NEJJAR
Chef opérateur : Christophe GUYON
Ingénieur Son : Mohamed MOUILID
Montage : Julien FOURE
Comédiens :
MOUNA FETTOU
YOUNES MIGRI
KHALID BENCHEGRA
ASMAA KHAMICHI
Productrice : Lamia Chraïbi (La Prod)
Chaîne de télévision : EL Oula